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Blockchain et Santé

Claude Evin - 9 mars 2020 - Santé
blockchain et santé

La blockchain dans le secteur de la santé est encore à l’état d’émergence. Un colloque organisé le 5 mars par Droit et Santé a permis d’analyser ce qu’elle peut apporter en matière de protection des données et de sécurité des produits.

La Blockchain n’a de sens que si elle s’inscrit dans un contexte.

« La blockchain est une technologie de stockage et de transmission d’informations, transparente, sécurisée et fonctionnant sans organe central de contrôle. »

Il s’agit d’une base de données qui contient l’historique de tous les échanges effectués depuis sa création. La base de données est sécurisée et partagée entre ses différents utilisateurs sans intermédiaire, ce qui permet à chacun de vérifier la validité de la chaine.

La blockchain dans le secteur de la santé est encore à l’état d’émergence. Malgré un manque de maturité, des entreprises engagent des travaux pour faire aboutir certains cas d’usage.

Elle peut être utile pour assurer une meilleure protection des données personnelle, mais aussi faciliter l’interopérabilité des informations utiles à la prise en charge des patients ou au développement de la recherche ou pour sécuriser le circuit des produits de santé.

Mais la blockchain est une technologie. Elle n’a pas vocation à résoudre tous les sujets auxquels nous sommes confrontés. Ce n’est pas une fin en soi.

Elle offre certes des possibilités de solutions à des besoins aujourd’hui non satisfaits. Pour autant nous ne pouvons utiliser cette technologie qu’en nous interrogeant sur la finalité de son utilisation : que veut-on traiter ? quelle situation veut-on résoudre ?

Pour aborder les opportunités qu’elle offre notamment en matière de traitement des données, nous devons aussi avoir sans cesse la préoccupation du respect de certains grands principes tel que :

  • L’information des patients sur l’utilisation qui sera faite de leurs données ;
  • Le recueil de leur consentement libre et éclairé pour l’utilisation de leurs données

La sécurité des données de santé

C’est un enjeu majeur pour notre système de santé, que cela concerne les données du dossier médical contenant le parcours de prévention et le parcours de soin du patient, mais aussi les données produites par des objets connectés (balance, montre, …), ou les données parfois collectées à l’issu de la personne dans le cas par exemple de recherche sur des sites internet.

Ces données n’intéressent pas seulement les acteurs de santé. Comme elles représentent une très grande valeur, elles peuvent se revendre à des prix nettement supérieurs à des données bancaires. Des établissements de santé publics et privés ont ainsi été victimes de cyberattaques au cours de ces derniers mois (Le CHU de Rouen, les CH d’Issoudin, de Saint Denis, de Condrieu ou le Groupe Ramsay – Générale de santé)

Alors que ces institutions sont censées être garantes de l’intégrité des données des patients, ces attaques constituent évidemment une violation de leur vie privée.

Grâce à sa décentralisation et son inaltérabilité, la blockchain pourrait assurer l’intégrité des données de santé à travers l’ensemble des systèmes d’information et identifier en temps réel si un registre est victime d’une brèche de sécurité.

 

Les enjeux d’interopérabilité

Dans le domaine de la santé, la question de l’interopérabilité est déterminant.

Les systèmes d’information de santé sont de plus en plus utilisés, non seulement pour coordonner le parcours de soins du patient mais aussi pour aider à la décision médicale, pour évaluer les pratiques des professionnels de santé, pour conduire des études épidémiologiques, pour définir des actions de santé publique, pour la recherche clinique, …

La dématérialisation de ces données nécessite la définition de langages communs afin d’éviter la définition de nouveaux langages et donc de nouveaux développements à chaque fois que deux systèmes d’information veulent échanger ou partager des données.

Une blockchain où tous les acteurs du système de santé (hôpitaux, centres de recherche, assureurs, industriels, patients), pourraient stocker et partager les données de santé, résoudrait les problèmes d’interopérabilité et une partie des problèmes de sécurité. (sous réserve de certaines conditions : standardisation des données ; utilisation des smarts contracts (contrats intelligents), protocoles informatiques qui facilitent, vérifient et exécutent la négociation ou l’exécution d’un contrat, ou qui rendent une clause contractuelle inutile (car rattachée au contrat intelligent).

 

La traçabilité des produits de santé et la lutte contre la fraude

Grâce à sa transparence et son inaltérabilité, la blockchain peut être utilisée en tant qu’outil de traçabilité et de vérification d’authenticité pour les médicaments, les ordonnances médicales ou encore les brevets.

Les laboratoires pharmaceutiques pourraient ainsi en bénéficier dans leurs problématiques de contrefaçons de médicaments. La blockchain peut enregistrer les empreintes de chaque action liée à un médicament, lors des différentes phases du processus de fabrication et distribution.

 

Dans le domaine de la recherche

Les programmes de recherche et développement pour de nouveaux médicaments sont souvent critiqués pour leur manque de transparence. La traçabilité des données et des process utilisés dans les essais cliniques que permet la blockchain permettrait de garantir cette transparence des travaux de recherche jusqu’à leur conclusion.

La recherche implique, par nature, des montants particulièrement conséquents, qui se répercutent ensuite en partie sur le prix de certains médicaments. Un modèle de recherche plus collaboratif et plus efficient pourrait voir le jour en utilisant la blockchain pour disposer d’un espace partagé de données cliniques et de recherche.

 

En conclusion

Le secteur de la santé est un secteur particulièrement prometteur pour la technologie blockchain à condition de ne pas « brandir la blockchain à toutes les sauces » et de ne jamais oublier les principes d’humanité qui doivent toujours guider les missions que nous devons remplir soit comme acteur de santé, soit comme institution.

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